Formation du gouvernement fédéral belge de 2007

La formation du gouvernement fédéral belge de 2007 est la période politique qui suit les élections législatives du 10 juin 2007 en Belgique, et qui consiste en une période de négociations pour tenter de former un gouvernement fédéral de coalition. Ces négociations sont caractérisées par des désaccords entre les partis flamands et francophones sur la nécessité d'une réforme constitutionnelle, qui se traduisent par une crise politique. Le 6 novembre 2007, le cap symbolique des 149 jours sans nouveau gouvernement fut franchi, ce qui en fait la période de formation du gouvernement la plus longue de l'histoire politique belge.

Le premier ministre Guy Verhofstadt présente le 11 juin la démission de son gouvernement au Roi, qui rencontre ensuite durant deux jours les présidents de la Chambre, du Sénat et des partis démocratiques. Depuis le début de son règne, Albert II ne reçoit jamais les élus d'extrême-droite. Comme il l'avait fait en 1999 et 2003, il choisit, le 12 juin en soirée, un informateur francophone : Didier Reynders (MR).

Trois semaines après sa nomination, l'informateur Didier Reynders remet, le 4 juillet 2007, son rapport final au Roi après avoir organisé de nombreuses tables rondes et rencontré 450 personnes. Le lendemain, Albert II demande à son ancien premier ministre Jean-Luc Dehaene (CD&V) de faire un travail de médiation afin de faciliter la formation du futur gouvernement fédéral. Après avoir prôné une coalition entre les sociaux-chrétiens et les libéraux, il demande, le 15 juillet, à être déchargé de sa mission. Le Roi nomme ensuite formateur Yves Leterme, le leader du cartel CD&V/NVA, le parti ayant le plus de sièges à la Chambre.

Après un mois de pénibles négociations au château de Val Duchesse, Yves Leterme rencontre Albert II le 17 août 2007 pour lui faire son quatrième rapport intermédiaire sur l'avancée de son travail. Vu les tensions communautaires entre les partis francophones et flamands, le Roi décide de suspendre les négociations et d'entamer de nouvelles consultations politiques avec les présidents des quatre partis de l'"Orange bleue" : Jo Vandeurzen (CD&V/NVA), Didier Reynders (MR), Bart Somers (VLD) et Joëlle Milquet (CDH). Le 19 août, Albert II reçoit à nouveau Yves Leterme et lui demande de mener des contacts informels avant de recommencer de nouvelles négociations. Mais le formateur jete l'éponge quatre jours plus tard.

Le Palais annonce le 27 août que "dans le cadre de la crise politique, le Roi va recevoir successivement en audience certains Ministres d'Etat qui ont une grande expérience des crises communautaires dans notre pays". C'est la première fois depuis le début de son règne qu'Albert II fait appel de façon officielle aux conseils des Ministres d'Etat. Au terme de ces trois jours d'audiences, le Roi confie une "mission d'exploration" à Herman Van Rompuy, président de la Chambre et membre discret du CD&V/NVA, qui l'informe chaque semaine de son travail. Pendant un mois, il réussit à rétablir un climat de confiance entre les partenaires de l'"Orange Bleue", mais n'obtient aucun résultat concret.

Le 29 septembre, Yves Leterme est renommé formateur par Albert II. Après quelques accords dans le domaine socio-économique, de nouvelles tensions communautaires surviennent le 7 novembre, lorsque les députés flamands votent la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde en commission de l'Intérieur de la Chambre. Les quatre partis démocratiques francophones décident d'entamer une procédure juridique appelée le conflit d'intérêts.

Le lendemain, le Roi reçoit en audience Yves Leterme et lui demande de poursuivre sa tâche, vu que les quatre partis de l'"Orange bleue" ne réclamaient pas sa démission. Dans le communiqué diffusé par le Palais, il précise que "la constitution rapide d'un gouvernement fédéral est importante pour le bien-être de tous les citoyens de notre pays, pour la crédibilité de la Belgique et sa nécessaire cohésion". Albert II charge, par ailleurs, le président du Sénat Armand De Decker et le président de la Chambre Herman Van Rompuy de "prendre une initiative afin d'entamer un dialogue sur la poursuite de l'élaboration équilibrée de nos institutions et un renforcement de la cohésion entre les communautés", selon ce communiqué royal exceptionnellement détaillé. La situation étant à nouveau bloquée, le souverain reçoit, les 12 et 13 novembre, les présidents des partis démocratiques, puis à nouveau Armand De Decker et Herman Van Rompuy. Yves Leterme reste formateur mais les négociations pour former un gouvernement sont arrêtées.

A l'initiative de Marie-Claire Houard, une citoyenne liégeoise, soutenue par l'asbl BPlus et l'asbl Pro Belgica, plus de 35.000 Wallons, Bruxellois et Flamands participent à la manifestation nationale organisée le dimanche 18 novembre 2007 à Bruxelles. Marie-Claire Houard remet à Armand De Decker la pétition trilingue en faveur de l'unité de la Belgique qui a récolté 140.000 signatures.

Yves Leterme n'arrive pas à relancer les négociations au sein de l'"Orange bleue" et décide de démissionner le 1er décembre. Albert II rencontre ensuite, à trois reprises, le premier ministre sortant Guy Verhofstadt, qui accepte le 3 décembre de mener des contacts et de réfléchir à la manière de sortir de la crise politique que traverse la Belgique depuis six mois. Une semaine plus tard, le Roi le charge de former un gouvernement intérimaire pour gérer les dossiers urgents, et le 19 décembre Guy Verhofstadt officialise la formation de ce gouvernement. Il sera composé du CD&V/NVA, de l'Open VLD, du MR, du cdH et du PS. Ce sera le premier gouvernement "asymétrique" en Belgique, puisque le SPA, pendant néerlandophone du PS, n'en fera pas partie.

Histoire

On fait remonter la formation de la frontière linguistique à la période romaine, du fait que dès le IIIe siècle de notre ère, une peuplade germanique, les Francs (tout au moins la branche salienne de ce peuple) furent installés par les Romains en "Toxandria" (région comprise entre le Rhin inférieur et la moyenne Belgique actuelle), à charge pour eux de garder la frontière de l'Empire, sans pour autant être indépendants de celui-ci. La constante pression barbare aux frontières impériales rendait nécessaire de tels accommodements, et celui-ci se révéla un succès, ces Francs restant loyaux envers Rome. Mais la germanisation précoce de la contrée en fut donc favorisée.

Il semble que la première fois que fut vraiment tracée une frontière des langues en Belgique ce fut avec les Notion de la Wallonie au XVIIe siècle des Jésuites et des Capucins.

Il faut également remarquer que jusque dans les années 1950, la langue vernaculaire, et non une des langues officielles, était la langue maternelle d'une majorité de Belges tant du côté wallon que du côté flamand. Les gens parlaient plus facilement des langues comme le wallon, le flamand occidental (Vlaemsch), le flamand oriental, le picard, le luxembourgeois que le français ou le néerlandais. Ces langues régionales connaissaient bien sûr des variantes de village à village, mais l'intercompréhension a été bien plus large, y compris avec d'autres langues régionales que le wallon comme le picard ou le lorrain. Il y a d'ailleurs eu à la fin du XIXe siècle une importante presse de langue wallonne (ou picarde et lorraine), lisible largement. En outre le wallon était la langue obligatoire (de fait) dans les installations industrielles du fait de la meilleure aptitude de cette langue à désigner les réalités techniques modernes, notamment dans les charbonnages [1].

La frontière linguistique fixée (en 1932), cela conforta l'usage du néerlandais comme langue de culture en Flandre où elle était concurrencée par le français. En Wallonie, la situation est quelque peu différente. Depuis le vote de l'instruction obligatoire en 1914 (mais qui ne peut s'appliquer qu'après la guerre), tous les Wallons étaient enseignés en français dès l'école primaire. Il est arrivé dans certaines régions que les instituteurs prennent les enfants avant l'âge légal en vue de leur insuffler quelques éléments du français. Pour se faire une idée de la langue réellement pratiquée en Wallonie entre 1920 et 1940, il vaut la peine de lire les livres de Paul Biron, l'un des phénomènes littéraires de la Wallonie dont les livres ont connu les meilleures ventes avec ceux des livres d'Arthur Masson. Arthur Masson incruste des passages en wallon dans une langue française très travaillée et plus que correcte. En revanche Paul Biron écrit dans une langue qui mélange le français et le wallon, à la manière dont le faisaient les Wallons (et le font encore), un peu comme on le fit (et fait) longtemps à Bruxelles en mélangeant langue régionale bruxelloise et français.

Wallons, Flamands


Cette frontière fait suite à la reconnaissance du néerlandais comme une des langues officielles du royaume de Belgique en 1898 et à la revendication du mouvement flamand de posséder un territoire associé à cette langue. Mais si cette revendication peut être considérée comme d'abord flamande, au moins chronologiquement, il ne fait pas de doute que le mouvement wallon très actif au moment de cette fixation et dans le Centre Harmel, la souhaitait aussi. C'est ce que démontre l'ouvrage La décision politique en Belgique. Voyez Histoire de Belgique de 1945 à 1993. Les Flamands la voulaient pour défendre leur langue menacée par l'expansion du français. Les fédéralistes wallons, très influents au sein du PSB mis sous pression par le Mouvement populaire wallon, la voulaient également, sentant bien que la fixation de cette frontière mettait en place deux des éléments de l'État à savoir la population et le territoire, ce qui pouvait être considéré comme une étape vers la constitution d'une entité fédérée appelée Wallonie.

Cette frontière fut fixée entre les provinces flamandes d'une part (Flandre orientale, Flandre occidentale, Limbourg) et wallonnes d'autre part (Hainaut, Namur, Liège) ayant frontière commune. Le Brabant wallon fut également réuni à la Wallonie alors qu'il constituait à cette époque l'arrondissement de Nivelles. Le Brabant fut divisé ultérieurement au sud de Bruxelles entre Brabant flamand et Brabant wallon (appellation qui date d'ailleurs du XVIe siècle), celui-ci étant tout simplement l'arrondissement de Nivelles. Cependant - et c'était aussi une volonté des Flamands et Wallons radicaux - les communes majoritairement francophones de Flandre occidentale comme par exemple Mouscron furent rattachées à une province wallonne (en l'occurrence le Hainaut). Et les communes des Fourons furent rattachées au Limbourg, ce qui suscita ultérieurement l'opposition violente de la population des six villages, le soutien à cette agitation du Mouvement populaire wallon, de la population de Liège puis finalement d'une large majorité des parlementaires wallons qui, tant à la Chambre qu'au Sénat rejetèrent la réunion des Fourons à la Flandre. Le problème des Fourons allait empoisonner la vie politique belge et contribuer à l'ascension politique d'un de leur leader José Happart, qui fut un certain temps l'homme politique le plus populaire en Wallonie et préside actuellement le Parlement wallon.

Les 19 communes formant l'agglomération bruxelloise gardèrent leur statut bilingue.

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