Histoire

On fait remonter la formation de la frontière linguistique à la période romaine, du fait que dès le IIIe siècle de notre ère, une peuplade germanique, les Francs (tout au moins la branche salienne de ce peuple) furent installés par les Romains en "Toxandria" (région comprise entre le Rhin inférieur et la moyenne Belgique actuelle), à charge pour eux de garder la frontière de l'Empire, sans pour autant être indépendants de celui-ci. La constante pression barbare aux frontières impériales rendait nécessaire de tels accommodements, et celui-ci se révéla un succès, ces Francs restant loyaux envers Rome. Mais la germanisation précoce de la contrée en fut donc favorisée.

Il semble que la première fois que fut vraiment tracée une frontière des langues en Belgique ce fut avec les Notion de la Wallonie au XVIIe siècle des Jésuites et des Capucins.

Il faut également remarquer que jusque dans les années 1950, la langue vernaculaire, et non une des langues officielles, était la langue maternelle d'une majorité de Belges tant du côté wallon que du côté flamand. Les gens parlaient plus facilement des langues comme le wallon, le flamand occidental (Vlaemsch), le flamand oriental, le picard, le luxembourgeois que le français ou le néerlandais. Ces langues régionales connaissaient bien sûr des variantes de village à village, mais l'intercompréhension a été bien plus large, y compris avec d'autres langues régionales que le wallon comme le picard ou le lorrain. Il y a d'ailleurs eu à la fin du XIXe siècle une importante presse de langue wallonne (ou picarde et lorraine), lisible largement. En outre le wallon était la langue obligatoire (de fait) dans les installations industrielles du fait de la meilleure aptitude de cette langue à désigner les réalités techniques modernes, notamment dans les charbonnages [1].

La frontière linguistique fixée (en 1932), cela conforta l'usage du néerlandais comme langue de culture en Flandre où elle était concurrencée par le français. En Wallonie, la situation est quelque peu différente. Depuis le vote de l'instruction obligatoire en 1914 (mais qui ne peut s'appliquer qu'après la guerre), tous les Wallons étaient enseignés en français dès l'école primaire. Il est arrivé dans certaines régions que les instituteurs prennent les enfants avant l'âge légal en vue de leur insuffler quelques éléments du français. Pour se faire une idée de la langue réellement pratiquée en Wallonie entre 1920 et 1940, il vaut la peine de lire les livres de Paul Biron, l'un des phénomènes littéraires de la Wallonie dont les livres ont connu les meilleures ventes avec ceux des livres d'Arthur Masson. Arthur Masson incruste des passages en wallon dans une langue française très travaillée et plus que correcte. En revanche Paul Biron écrit dans une langue qui mélange le français et le wallon, à la manière dont le faisaient les Wallons (et le font encore), un peu comme on le fit (et fait) longtemps à Bruxelles en mélangeant langue régionale bruxelloise et français.

Aucun commentaire: